Poème floral (jardins de Giverny)

 

 

 

JUSTE UN INSTANT

 

 

 

 

Détail d'un croquis érotique
Détail d'un croquis - Fusain - Jean Gérard Dubois

Victor Hugo

Certes, elle n'était pas femme et charmante en vain,
Mais le terrestre en elle avait un air divin.
Des flammes frissonnaient sur ses lèvres hardies ;
Elle acceptait l'amour et tous ses incendies,
Rêvait au tutoiement se risquait pas à pas,
Ne se refusait point et ne se livrait pas ;
Sa tendre obéissance était haute et sereine;
Elle savait se faire esclave et rester reine,
Suprême grâce ! et quoi de plus inattendu
Que d'avoir tout donné sans avoir rien perdu !
Elle était nue avec un abandon sublime
Et, couchée sur un lit, semblait sur une cîme.
A mesure qu'en elle entrait l'amour vainqueur
On eût dit que le ciel lui jaillissait du coeur ;
Elle vous caressait avec de la lumière ;
La nudité des pieds fait la marche plus fière
Chez ces êtres pétris d'idéale beauté ;
Il lui venait dans l'ombre au front une clarté
Pareille à la nocturne auréole des pôles ;
A travers les baisers de ses blanches épaules
On croyait voir sortir deux ailes lentement ;
Son regard était bleu, d'un bleu de firmament ;
Et c'était la grandeur de cette femme étrange
Qu'en cessant d'être vierge elle devenait ange.




Signature de Victor Hugo (Lettre, archives JGD)
Signature de Victor Hugo (Lettre, archives JGD)

 

Pernette du GUILLET  (1520-1545)

Ô vraie amour, dont je suis prise


Ô vraie amour, dont je suis prise,
Comment m'as-tu si bien apprise,
Que de mon jour tant me contente,
Que je n'en espère autre attente,
Que celle de ce doux amer,
Pour me guérir du mal d'aimer ?

Du bien j'ai eu la jouissance,
Dont il m'a donné connaissance
Pour m'assurer de l'amitié,
De laquelle il tient la moitié :
Doncques est-il plus doux qu'amer,
Pour me guérir du mal d'aimer.

Hélas, ami, en ton absence
Je ne puis avoir assurance
Que celle dont - pour son plaisir -
Amour caut me vient dessaisir
Pour me surprendre, et désarmer :
Guéris-moi donc du mal d'aimer !

 

 

 

 

SOMBRE EST LA NUIT

 

 

    

                                              

 

 

  HENRI DE REGNIER (1864-1936)

 

 

LE BONHEUR

 

Si tu veux être heureux, ne cueille pas la rose

Qui te frôle au passage et qui s'offre à ta main;

La fleur est déjà morte à peine est-elle éclose.

Même lorsque sa chair révèle un sang divin.

N'arrête pas l'oiseau qui traverse l'espace;

Ne dirige vers lui ni flèche, ni filet

Et contente tes yeux de son ombre qui passe

Sans les lever au ciel où son aile volait;    

N'écoute pas la voix qui te dit : « Viens ».

N'écoute Ni le cri du torrent, ni l'appel du ruisseau;

Préfère au diamant le caillou de la route;

Hésite au carrefour et consulte l'écho.

Prends garde… Ne vêts pas ces couleurs éclatantes

Dont l'aspect fait grincer les dents de l'envieux;

Le marbre du palais, moins que le lin des tentes

Rend les réveils légers et les sommeils heureux.

Aussi bien que les pleurs, le rire fait les rides. Ne dis jamais :

Encore, et dis plutôt : Assez…

Le Bonheur est un Dieu qui marche les mains vides

Et regarde la Vie avec des yeux baissés !

 

 

 

 

Lettres d'Henri de Régnier - Archives JGD.
Lettres d'Henri de Régnier - Archives JGD.

 

 

PRESENCE DES ANNEES TRENTE

 

 

Présence des années trente
Présence des années trente. Compagne de travail

 

 

 

 

 

 

SAINT-POL ROUX  (Paul Roux, dit), poète français  (1861-1940)

 

Poème autographe signé de Saint-Pol Roux
Poème autographe signé de Saint-Pol Roux - (Archives JGD)

 

 

SAINT-POL ROUX

Considéré par les surréalistes comme un précurseur de la poésie moderne.  

Saint- Pol Roux, lassé du monde littéraire parisien se fit construire en 1904, à Camaret, face à la mer, un manoir à l'architecture tourmentée. Il y accueillera ses amis Max Jacob, Paul Eluard, Pierre Mac Orlan. Hospitalisé à Breste victime des horreurs de la guerre,c'est dans cette Bretagne tant aimée qu'il meurt le 18 octobre 1940 - 

 

 Deux poèmes autographes signés. sur une page in-fol.Audierne, les 19 et 20 octobre 1890. "Sur une diligence de Bretagne" et "Sous un firmament d'Angélus". (en tout 28 vers)

 

" Sur les parfums bêlés par les saintes mamelles

 

Plane le lac où clignent les grenouilles d'or

 

Maudissant les anneaux des chevilles jumelles,

 

Tel un ibis ouvert au succulent trésor,

 

j'abjure mes désirs d'apitoyer l'orfèvre...

 

 

 

Ebauche de dessin (détail) Crayon graphite - Jean Gérard Dubois
Ebauche de dessin (détail) Crayon graphite - Jean Gérard Dubois

 

 

VOLTAIRE 

 

 

Sur la métaphysique de l'amour
 

De l’amour la métaphysique
Est, je vous jure, un froid roman.
Fanchon, reprenons la physique :
Mais, las ! que j’y suis peu savant !