Jean Gérard Dubois. Peintures, dessins, photos, histoires, utopies et autres choses inutiles.

 

MAX JACOB

Quant à atteindre le Beau idéal...

 

"... Sartre n'est qu'un peintre de mœurs, peintre très discret. Sa discrétion vient d'une grande culture car ses oeuvres valent non par elles-mêmes et ce qu'elles contiennent, mais par ce qui est alentour et qu'elles ne disent pas (...) l'auréole, l'auréole ! c'est ce qui compte ! (...) Les gros contes de Balzac ne seront jamais des chefs-d'oeuvres, la moindre chansonnette de Musset est immortelle. Tant vaut la source, tant vaut le fleuve. Ce qui est triste à la Sorbonne, c'est qu'ils dissèquent les oeuvres, alors que c'est l'auréole qu'il faut étudier (...) la vérité pure n'existe pas : il n'y a que les vérités relatives (...) Décidément il n'y a de vérités qu'humaines, ou individuelles en tout cas. C'est pourquoi il n'y a pas en matière d'art d'autre critérium que celui-ci : plaire ou ne pas plaire, toucher ou ne pas toucher. Le tout est de savoir à qui on veut plaire et qui on veut atteindre. Quant à atteindre le Beau idéal... il faudrait d'abord le connaître : il change avec le temps et les frontières et ce n'est que par des démarches incidentes que nous aimons l'art gothique, roman ou grec. Culture ! Bourrage de crâne ! Soyons humains et c'est tout le moyen de plaire..."

(Max Jacob. Lettres à Jean-Bertrand Pontalis. Saint-Benoît-sur-Loire, 1942. Lettres mises en vente publique à Paris, Salle Favart le 4 décembre 2014. N° 198 du catalogue)

 

 

Composition photo JGD
Composition photo JGD

J’aimerais qu’il existe des lieux stables

Georges Perec

Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 1974, p. 122-123.

 

"J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources.
[…] De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être une évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête.
Mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l’oubli s’infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés. Il n’y aura plus écrit en lettres de porcelaine blanche collées en arc de cercle sur la glace du petit café de la rue Coquillière : "Ici, on consulte le Bottin" et "Casse-croûte à toute heure".
L’espace fond comme le sable coule entre les doigts. Le temps l’emporte et ne m’en laisse que des lambeaux informes :
Écrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes."

 


 

 

 

Dessinateur, peintre, auteur de quelques ouvrages à caractère historique, je me partage entre différents et indissociables moyens d'expression. Passion pour la couleur et le trait autant que pour le mot. Mon intention est de proposer ici avec quelques fragments d'oeuvres personnelles un certain nombre de textes anciens, pour moi intéressants, textes peu connus, certains inédits provenant de mes archives. Une évidence, voir en la femme la première source d'inspiration et en l'amour le seul et véritable sens de la vie.

 

 

 

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Détail d'un dessin
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