Sous le regard bienveillant de Koré
Sous le regard de Koré, gardienne de mes nuits (Photo JGD)
 
Koré
         

La koré - littéralement "jeune fille" en grec - est avec son pendant masculin, le kouros, le type même de la sculpture grecque archaïque. Sur l'Acropole d'Athènes, au VIe siècle avant notre ère, ces statues de jeunes gens sont dédiées à Athéna, la déesse de la cité.

 

Les statues de korès adoptent une attitude conventionnelle. Vêtues le plus souvent à la mode ionienne, elles présentent l'offrande d'un fruit, d'un vase ou d'un oiseau. Mais chaque sculpture se révèle exceptionnelle, individualisée par le style de l'artiste et le moment de sa création au cours de l'évolution de la sculpture archaïque.

 

La Koré de Lyon est caractéristique de ce type statuaire. Droite, majestueuse, la carrure puissante, la jeune fille serre l'offrande d'un oiseau contre son buste. La rigidité plastique du modèle est tempérée par la richesse de l'ornementation ciselée et autrefois peinte. Les éléments décoratifs appartiennent au répertoire de la Grèce de l'est, les artistes étant alors fortement influencés par l'art ionien. Elle est ainsi vêtue du chiton et de l'himation ; le polos, la chevelure et les boucles d'oreilles délicatement ciselées parent son gracieux visage.

 

Chef d'œuvre du département des Antiquités, la Koré de Lyon conserve encore bien des mystères que la recherche scientifique tente d'éclaircir aujourd'hui.

 

 

http://www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/collections-musee/chefs-oeuvre/oeuvres1476/kore

 

 

 

Photo JGD
Photo JGD
Partie d'un dessin JGD, crayon graphite
Partie d'un dessin JGD, crayon graphite

 

JE NE SAIS QUOI

 

Ce n'est pas dans l'évident, dans le démontré, dans l'expliqué, dans le délimité, dans l'affirmé, dans le concret, dans le carré ou le rond, ce n'est pas non plus dans vos yeux, si beaux soient-ils, Ma Chère que les choses se passent. C'est dans le "je ne sais quoi" que soufflent les autans, c'est dans votre " je ne sais quoi" que j'entrevois votre vérité, c'est votre diable de "je ne sais quoi" qui me chiffonne, me perturbe et dans lequel je sens que je me perds.

 Votre "je ne sais quoi", Ma Chère, est un poison mortel et j'en redemande.

(JGD)

 

Croquis rapide
Croquis rapide
Croquis rapide
Croquis rapide
Croquis rapide
Croquis rapide
Croquis préparatoire à une grande composition
Croquis préparatoire à une grande composition

JAPON 1984

 

 Exposition Jean Gérard Dubois

 

  KYOTO-SHOIN 

 

OSAKA (Seibi Gallery)

 

KOBE (Kaïbundo Gallery)

 

 LA FEMME – DESSINS

 

 

 

  

 

HOMMAGE A LA FEMME

 

(Préface rédigée pour le recueil de dessins édité à cette occasion)

 

 

 

 Le philosophe assure que le bonheur n’existe pas, qu’il n’y a que des instants de bonheur.

 

La beauté existe, elle, et pour qui sait regarder, peut se trouver dans les lieux les plus inattendus. Bien entendu l’art peut être dissociable de la beauté mais la beauté en est pour beaucoup l’élément fondamental.

 

Comme pour le bonheur il y a effectivement des instants de beauté où celle-ci s’exalte avec une intensité fulgurante.

 

L’artiste est constamment à la poursuite d’une utopie, celle de fixer sur sa toile ou son papier ces instants fugitifs. Ceux-ci étant pas nature insaisissables, cette quête est celle de l’impossible ; au mieux ne fait-il que s’en approcher, son insatisfaction est permanente. Cette insatisfaction est néanmoins indispensable, elle motive le créateur, le stimule, le pousse à donner le meilleur de lui-même.

 

Le dessinateur, dans un univers volontairement dépouillé de tout artifice est avant tout sensible au langage de la ligne et du trait. Son monde est celui de l’essentiel ; il ne connaît ni hésitation ni repentir, et si son crayon s’attarde quelque instant sur le détail, c’est pour abandonner à la densité de la surface laissée blanche la meilleure part de ses rêves et de son monde intérieur.

 

 Il y a bien longtemps, un homme traçait avec le doigt un trait dans le sable d’un rivage immaculé. Ce premier trait portait en lui tous les espoirs d’une humanité naissante.

Dans nos temples et cathédrales, ce trait devenu ligne droite a su élever jusqu’au divin de majestueuses colonnes de pierre, symbole de foi. Pareilles aux géants de la haute futaie elles se dressent, verticales reliant la terre et les cieux.

 

La ligne courbe à sa façon nous parle d’amour.

 La plus simple, celle du galet de rivière poli par les eaux, nous rappelle notre condition quand nous avons tendance à l’oublier.

 Qui n’a jamais été troublé devant la forme épurée du plus humble de ces galets passera malheureusement à côté de ce que l’esprit humain peut produire de meilleur.

 Mais c’est le corps de la Femme qui a donné à la ligne courbe ses plus beaux titres. Il a su réunir en lui tant de splendeurs que devant cet éclat l’artiste est pris d’une sorte de vertige.

Intarissable source de formes et de courbes, vallées fraîches d’ombres et de lumière, paysage renouvelé à chaque détour du chemin où, de printemps prometteurs en étés triomphants, le crayon peut être à chaque instant paralysé par la pureté d’un silence ou la sensualité d’un geste.

 

La représentation du corps féminin nécessite plusieurs phases d’étude qui chacune ont une importance, mais entre toutes il en est une particulièrement privilégiée, celle de l’attente.

Instant précieux où le crayon est là, posé à côté de la feuille blanche, seul… désespérément seul… attente du premier trait, pareille à celle de l’amant au soir d’une première nuit.

« Viendra-t-elle ?... comment sera-t-elle ?... saurai-je trouver les mots ?... les gestes… »

 

 

 

A un certain moment, imprévisible, le crayon échappe à ses pensées, à ses angoisses. Timide d’abord, il effleure le grain du papier, se veut délicat, sensible… se fait plus précis, entreprenant.

Il modèle, souligne… quand elle apparaît sait être courtois, audacieux, indiscret.

Il est troublé parfois quand elle est Femme devant lui.

 

Elle est là… nous faisons connaissance.

 

Si je dessine c’est parce que le trait a des exigences qui me conviennent.

Si je dessine la Femme, c’est parce que j’aime me souvenir d’un lieu intemporel où ce trait, avant d’être agitation, était mouvement, où le mouvement était poème, où le poème était désir.

Peut-être est-ce aussi pour lui dire à ma façon…

 

Merci.

 

 

 

Exposition au Japon - Dessins, nus

EXPOSITION DE DESSINS  

"HOMMAGE A LA FEMME"

JAPON - 1984

                                                                                      http://books.google.fr/books…

 

Exposition  "HOMMAGE A LA FEMME". Japon, 1984
Exposition "HOMMAGE A LA FEMME". Japon, 1984
Première page du recueil édité pour l'exposition
Première page du recueil édité pour l'exposition
Sur un poème de Louise Labé
Dessin original Jean Gérard Dubois - Sur un poème de Louis Labé.

..................................

Le temps emporte sur son aile
Et le printemps et l’hirondelle,
Et la vie et les jours perdus ;
Tout s’en va comme la fumée,
L’espérance et la renommée,
Et moi qui vous ai tant aimée,
Et toi qui ne t’en souviens plus !

..........................................

 

A Juana - Alfred de Musset

 

Athéna
ATHENA, déesse de la mythologie grecque. Tétradrachme d'Athènes, vers 410 av. J.C. Photo Jean Gérard Dubois

 

CURE

 

Voici qu’est revenue la saison d’été, celle où il me faut repartir en cure  comme je le fais régulièrement depuis tant d’années en juillet août pour tenter de remonter un moral encore une fois en berne, c’est hélas de tradition.

 

Laissant à d’autres souffrants les stations thermales à la mode, la thalassothérapie de groupe ou les bains de boue pour lesquels je ne me sens pas d’attirance particulière me voilà reparti en Grèce antique pour quelques jours de traitement en compagnie des monnaies de bronze et d’argent de Tarente, Naxos, Syracuse, Corinthe ou Campanie, me voici en compagnie de la chouette athénienne, du cheval de Thessalie, du taureau de Lucanie et du lion de Sicile, me revoilà enfin avec ces admirables portraits d’hommes et de femmes, superbes et fascinants de réalisme.

 

Extraordinaire beauté classique de ces visages d’une incroyable perfection, d’une pureté sans égale. Virtuosité des artistes sculpteurs d’exception qui ont su réaliser de tels chefs-d’oeuvre sur de si petites surfaces. Harmonie et équilibre des compositions, élégance des gestes et des attitudes, raffinement dans l’ordonnance des coiffures, force et délicatesse des représentions humaines ou animales, sérénité des expressions… tout y respire la grâce, l’élégance, le maintien, l’équilibre, la puissance, la magnificence.

 

Ces portraits de déesses, de femmes du passé me semblent être des portraits  d’aujourd’hui dans ce qu’ils ont de plus beau, de plus ravissant, de plus émouvant dans leur éternel pouvoir de séduction. Ces imperceptibles sourires plus indéfinissables encore que celui de la Joconde, cette bonté naturelle qui s’en dégage, ces nez fins et droits d’une remarquable pureté, ce port altier cependant accessible, ces cheveux ondulés retenus en chignon par de discrets bijoux et des couronnes de feuilles de lauriers, ou tombant en interminables volutes sur la nuque et les épaules, cette perfection inégalée, ce charme inexplicable, tout ici est bonheur, tout est rêve, tout est pureté, tout est  prétexte et support à méditation.

 

Les cités et les civilisations s’effondrent un jour ou l’autre mais de leurs ruines émouvantes des voix s’élèvent encore entre les colonnes renversées, et nous arrivent parfois ces portraits qui quoi qu’on en dise sont encore et toujours des êtres vivants de chair et de sang qui viennent à travers le temps nous entretenir de leur vie et de la nôtre.

 

Pour nous, simples passants que nous sommes voués à l’oubli, ces visages sont là comme des passerelles du temps, comme une part de nous-mêmes qui serait éternelle. Notre souvenir et le leur ne font qu’un, notre condition est commune, nous ne sommes là que parce qu’ils y étaient avant nous, et qu’ils savent admirablement nous conter de quelle chair ils étaient faits et surtout nous  aider à comprendre qui nous sommes nous-mêmes.

 

Pour tous aujourd’hui je suis en cure.

 

Qu’on ne me dérange pas, dites que je ne suis pas là !

(Jean Gérard Dubois)

 

Beauté classique. Visage féminin allégorique sur monnaie grecque d'Agathokles roi de Syracuse (Sicile) vers 305-289 av.J.C. Hemilitron au foudre. Photo Jean Gérard Dubois.
Beauté classique. Visage féminin allégorique sur monnaie grecque d'Agathokles roi de Syracuse (Sicile) vers 305-289 av.J.C. Hemilitron au foudre. Photo Jean Gérard Dubois.
Beauté classique. Visage féminin allégorique sur monnaire grecque. Obole de Bruttium Rhegium, vers 218-213 av. J.C. Photo jean Gérard Dubois
Beauté classique. Visage féminin allégorique sur monnaire grecque. Obole de Bruttium Rhegium, vers 218-213 av. J.C. Photo jean Gérard Dubois
Croquis au fusain  - Jean  Gérard Dubois
Croquis au fusain - Jean Gérard Dubois

 

 

 

 

LETTRE A UNE IMPERISSABLE BEAUTE

 

 

 

Georges de PORTO-RICHE - Auteur dramatique français, né à Bordeaux (1849-1930) Membre de l'Académie française. -     Lettre autographe signée.  2 p. in-8. Janvier 1925. En  tête, vignette imprimée de la Bibliothèque Mazarine.

 

"Puisse votre pieuse ardeur ne pas vous décevoir quelque jour ! Je vous le souhaite, du fond du coeur, surtout si elle doit perpétuer votre beauté, qui me semble impérissable. Pour ma part, je m'en tiens aux félicités terrestres. je les pratique le plus délicatement possible, et parmi ces félicités, je place au premier rang le souvenir de votre pure apparition dans ma vie..."  Il ajoute en P.S. "Alors on ne se verra jamais plus dans ce bas monde ! " -

 

 

 

Etonnant caractère, Georges de Porto-Riche. Elu à l'Académie française en 1923 il ne consacra à son prédécesseur, Ernest Lavisse, que quelques lignes dans son discours de réception et se vit enjoindre par l'Académie de revoir sa copie, ce qu'il refusa tout net ne voulant pas refaire son discours. De fait et pour cette raison il n'a jamais été reçu officiellement. Auteur de plusieurs pièces consacrées à l'analyse des rapports sentimentaux, des conflits amoureux et de la vie sexuelle dans le couple, on lui doit entre autres  Amoureuse créée en 1891, pièce interprétée par Réjane et qui eut un véritable succès.

 Lui qui écrivit un jour "En amour, comme en peinture, on juge mieux de loin" semblait cependant souhaiter vivement le rapprochement dans cette lettre dans laquelle tout est dit avec tant de style et d'élégance.

 "Alors on ne se verra jamais plus dans ce bas monde ! " écrit-il !

 

A-t-elle pu résister l' "l'impérissable beauté" après avoir reçu ce courrier?

Allons… les paris sont pris, et toutes les portes restent grandes ouvertes.

Tous deux connaissent la fin de l'histoire mais c'est à nous, héritiers d'un lambeau de mémoire, de la revivre chacun à notre façon. Ainsi se dilue dans le temps et l'histoire la rencontre de deux existences, ainsi commence le roman, les mille romans possibles.

Vies passées et romans futurs se rejoignent alors, éternels autant que vains.

(JGD)


 

 

Lettre de Georges de Porto-Riche  (archives JGD)
Lettre de Georges de Porto-Riche (archives JGD)
Croquis préparatoire pour une grande composition
Croquis préparatoire pour une grande composition